Moi, rien ne m'étonne !

Ce roman commence ainsi. 
Je n’avais jamais pensé revoir mon grand-père. J’avais quatre ou cinq ans quand il sortit de ma vie. Au volant de sa petite Citroën, il s’éloignait en insultant mes parents par la vitre ouverte. Nous étions devant la maison, un jour d’automne et probablement celui de la Toussaint, moment dévolu aux réconciliations familiales, lorsque chacun arrive avec les rancunes cumulées tout au long de l’année et espère se débarrasser de ce fardeau dans les allées fleuries de grisâtres cimetières.

J’ai aussi en mémoire le froid d’une journée sans soleil. Je me souviens enfin de certains détails : l’allure crispée de mes parents, les aboiements stridents de notre petit cocker, et le bruit de cette voiture qui disparaît peu à peu et laisse sur les graviers du chemin d’entrée le tracé d’une signature.